ITyPA, un Mooc vu dans les coulisses

ou comment s'est monté ce Mooc

Et si l’ouverture était un frein à l’accès ?

8 Commentaires

C’est une vraie question qui nous taraude depuis bien avant le démarrage du MOOC. Nous, ce sont bien évidemment les animateurs du MOOC ITyPA.

Est ce que ce cours touche uniquement les gens déjà instruits ?

Est ce que les présentations bienveillantes de tous ces enseignants, directeurs de formation et autres ingénieurs pédagogiques ont impressionné les débutants ? C’est possible. C’était de toutes façons une des difficultés de s’annoncer comme premier MOOC francophone, et comme première manifestation connectiviste.

Comment se rendre visible du plus grand nombre d’utilisateurs du web ?

Nous avons essayé de faire de la publicité sur ce MOOC. Nous y sommes arrivés en partie, puisque nous avons plus de 1100 inscrits. Mais nous n’avons pas touché le grand public. Défaut de canal de diffusion sans doute, mais aussi difficulté d’accrocher les personnes en dehors du système. Il reste un travail à faire pour populariser ce genre de démarche.

Est-ce que le ticket d’entrée pour participer est trop haut ?

Nous avions prévu une semaine complète pour laisser les participants prendre la mesure de ce qui les attendaient, ce qui a suscité beaucoup d’échanges qui ont permis à nombre d’entre eux de se rassurer, et de construire une ébauche de communauté.

Certains ont d’ailleurs trouvé ce temps trop long, confondant temps appropriation et lenteur, en ayant l’impression que ce cours ne visait qu’à apprendre à utiliser un blog.

Nous avons conscience que la modalité retenue (le connectivisme) est en rupture avec les usages habituels. Nous l’avons conservé car il nous semblait important de montrer que c’est possible, et que cela nous semblait en phase avec le but du cours : Internet, Tout y est Pour Apprendre.

Mais combien n’ont pas su, pas pris le temps, pas osé, pas voulu prendre ce temps d’appropriation. Difficile à dire surtout que les statistiques de ces cours ouverts montrent des taux d’abandon énormes. Comment accompagner ceux qui n’ont pas fait le premier pas ? Faudrait-il des espaces physiques de médiation, de type espaces publics numériques ou des campus universitaires ? Saurons-nous faire démarrer ceux qui n’ont pas démarré le premier jour ? Nous comptons sur la communauté (nous n’en sommes que 4 représentants) pour savoir accueillir ceux qui se manifesteront. Nous avons également organisé les vidéos hebdomadaires pour créer un rendez-vous, pour donner un rythme au cours. Nous verrons également avec les élèves de nos institutions (Centrale Nantes et Télécom Bretagne) si le fait de pouvoir faire des réunions physiques ou en discuter au détour d’un couloir améliore l’implication.

Comment convaincre ceux qui ont peur de s’inscrire dans une démarche de production sur le web ?

Ça c’est un combat qui nous dépasse, mais dont nous ressentons pleinement les effets dans les débats entre participants. Après avoir lu beaucoup d’échanges sur le sujet, et évoqué la question lors de notre second rendez-vous, j’ai posé un article sur le sujet sur mon blog : Tout ce que j’écrirai pourra être retenu en ma faveur. Le premier commentaire, même (et surtout) s’il est extrême, montre bien les freins qui sont dans les esprits de certains. En tout cas l’ouverture est ici potentiellement un vrai frein pour démarrer la formation.

À toutes ces questions, il sera sans doute difficile d’amener des questions définitives. Mais il faudra progresser dans nos réponses, si nous voulons développer plus avant une telle formule.
En attendant, notre MOOC aura, nous l’espérons, contribué à convaincre quelques uns, peut être pas autant qu’on pourrait l’espérer, que le web est un formidable outil pour apprendre. Si parmi ceux-ci il y a un nombre notable de formateurs, l’effet en sera sans doute plus important. On fera le point en décembre, avec ceux qui seront là pour la séance de clôture.

 

Crédit photo : Viaduc de Limours, dans son écrin de verdure par christian.parreira licence CC-by-nd

 

Auteur : Jean-Marie Gilliot

Enseignant Chercheur à IMT Atlantique (fusion de Telecom Bretagne et Mines Nantes) Informatique, enseignement par projets, EIAH, transformation de l'éducation

8 réflexions sur “Et si l’ouverture était un frein à l’accès ?

  1. Jean-Marie

    Mon commentaire est loin d’être extrême sur votre billet : Tout ce que j’écrirai pourra être retenu en ma faveur. il est l’expression d’un avis ni plus ni moins, l’expression que les représentations du monde appartiennent à chacun. L’ethnocentrisme est un frein a l’acceptation de la diversité, des formes d’intelligences multiples.

    Vous faites actuellement l’expérience au travers des participants ou des souris de laboratoire qui suivent l’expérience Itypa que le taux d’abandon est très élevé. Cela pose de nombreuses interrogations et de remises en cause, mais à mon sens, uniquement à mon sens.

    L’hypothèse première qui me vient à l’esprit est que vous n’avez touché que les personnes déjà engagées et convaincues par les TICE comme les pionniers du E-learning ont découvert avec stupeur que l’automatisation des apprentissages ne permettait pas l’autonomisation des apprenants. Un novice aurait pu leur expliquer pourquoi, bien avant que les entreprises réalisent la gabegie financière mais qui écouterait un novice quand l’expert s’exprime ?

    A la lecture des réactions que suscitent mes commentaires, je dois surement très mal m’exprimer pour les yeux de l’autre. A force, je me tais et je m’en vais car nulle communication n’est possible s’il n y a pas l’émission d’un accusé de réception, un principe élémentaire de communication que je pensais acquis chez tous les auteurs et professionnels de la formation, alors les divergences, les malentendus ou les différents ne trouveront de solutions communes.

    En ce qui me concerne j’ai décidé d’arrêter peu avant la 2e web conférence et j’ai arrêté complétement (en supprimant mes productions) à la lecture de la 2eme web conférence et plus particulièrement des réponses de vos intervenants sur les peurs et l’e-réputation. (séance n°2 0:51:42)

    Quand une personne a le courage (montre son cœur) d’exprimer une peur, une crainte ou pose une question et que la réponse est le rire, la moquerie, dites vous que cela peut être assimiler à de l’humiliation même si ce n’est pas l’intention. (chacun se juge sur ses actes mais juge l’autre sur ses intentions vraies ou supposées). Et, c’est l’un des inconvénients des TICE, et des hangouts, vous vous exprimez en aveugle sans connaitre l’autre, ses réactions.

    Que vous ne partagiez pas ce ressenti ou ce vécu ne vous empêche pas de proposer des solutions alternatives comme une identité numérique d’apprenant au lieu de la nier car cela revient à nier le ressenti de l’autre et par extension sa personne.

    Bien à vous !

  2. @JMarcFJ
    Il me semble que j’entends vos propos, les respecte, mais je ne me cache pas de ne pas être en accord avec eux.
    Je viens de regarder l’extrait que vous citez. Et je trouve curieux que vous considériez que je me moque. Ce n’était absolument pas mon intention, je cherche juste à dédramatiser certains propos, mais vous l’avez sans doute compris. Et si je m’inquiète des ces problèmes, ce n’est sûrement pas pour les nier, ou alors je m’exprime moi même très mal.

  3. DES réponses de VOS intervenants sur les peurs et l’e-réputation. (séance n°2 0:51:42) c’est bien au PLURIEL, je ne vise personne en particulier mais un ensemble.

  4. A la lecture de cela, je voudrais dire que vous avez touché quelques débutants du web comme moi qui sont restés et qui s’accrochent, je ne suis pas la seule à voir la lettre publiée aujourd’hui.
    Que vous avez publié un de mes blogs où j’expose une expérience de vie, je n’ai eu que du soutien, des messages d’encouragements…
    Pour finir, nous ne projetons que ce que nous sommes. Si nous avons peur, nous le projetons et recevons les humiliations que nous nous adressons à nous même. C’est comme cela que nous fonctionnons, nous pouvons le regretter mais nous n’y pouvons rien. C’est un travail de confiance en soi et surtout de connaissance de soi pour accepter de laisser tomber les masques!
    A bientôt

  5. tout à fait d’accord avec ce billet, et j’en rajoute une couche : http://goo.gl/CKefQ l’ouverture est aussi un frein à la certification…

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